Un mundus est un édifice-rituel romain construit lors de la fondation ou re-fondation d’une ville. Situé à l’intersection des deux axes traditionnels, le cardo et le decumanus, il se présente sous la forme d’une fosse creusée dans laquelle les habitants jetaient une poignée de leur terre d’origine ou le surplus de leurs récoltes. Il incarne un troisième axe vertical qui célèbre l’épaisseur du territoire.
En proposant un mundus à Lausanne, le projet interroge les rapports que la ville a entretenu avec ses sols et souhaite débattre plus largement sur l’usage actuel des toilettes et de notre relation à l’environnement. Il formule une hypothèse poétique en travaillant avec la coïncidence des contraires. Le projet exprime simultanément une dimension sacrée et excrémentielle. Le mundus romain est traduit en temple-toilette par digestion conceptuelle du Tempietto de Bramante.
Sis dans le parc Bourget, centre de gravité de la ville de Lausanne, il propose un espace de latrines communes où l’on rend notre « reste de terre » au sol grâce à un système de toilettes sèches à fosse unique. Le caractère collectif invite à reconsidérer un moment de faiblesse honteux en une pleine reconnaissance du corps. Une expérience délivrante. Les corps et l’environnement co-naissent.
Lorsque les fosses sont pleines, le temple-toilette est déplacé laissant derrière lui un sol riche. Il se révèle alors sous un jour nouveau, il n’est plus la finalité du processus mais l’humble instrument d’un projet de sol.