La gloire sérieusement abîmée et le déclin péniblement infléchi, de quel droit laisse-t-on envisager aux “detroiters” la régénération de leur ville sur le même modèle?
D’une ségrégation spatiale de cette ampleur ressort aujourd’hui une situation de statu quo précaire. Pourtant, le développement fulgurant de Downtown Detroit depuis 2013 se fait toujours aux dépens des quartiers et de ses habitants. De nouveaux gratte-ciels viennent déjà s’ajouter aux chefs-d’oeuvre Art Déco issus de l’apogée du siècle passé. Ils viennent nourrir un symbole dépassé: le “downtown”. Face à l’étendue de l’aire métropolitaine, une multitude de strips caractérise la ville américaine et concentre linéairement les loisirs, les restaurants, les commerces et les services.
“Striptown Detroit” envisage cette gigantesque aire métropolitaine dans sa globalité en connectant le “downtown” aux quartiers de la ville, puis aux banlieues grâce à un nouveau réseau de tram-train, le long des radiales caractéristiques de Détroit et des principaux axes de la grille. Le “Striptown Detroit” se déploie en proposant l’accès de tous à une forme d’urbanité; pour les services qu’il propose et pour satisfaire le désir de vivre la ville. Le “Striptown Detroit” transforme le réseau viaire en l’équipant d’un nouveau système de voitures autonomes partagées – une technologie actuellement développée par Ford à Détroit. La maille de la grille s’élargit. Les voitures individuelles n’encombrent plus les rues et le piéton reprend sa place le long de la nouvelle ville américaine.