Si le cyberespace est dépendant des nouvelles technologies de communication pour se constituer, sa réalité se situe par-delà les technologies qui l’ont créé. Il est le lieu immatériel des interactions virtuelles entre les hommes, ainsi qu’entre les hommes et les machines. Comme tel, le cyberespace crée sa propre expérience de la spatialité, dont les règles sont différentes de celles de notre réalité physique. Dans celui-ci, les notions de distance disparaissent et le temps ne hiérarchise plus les informations.
La ville de Kiruna, au Nord de la Suède, doit aujourd’hui se déplacer à cause de l’affaissement du sol provoqué par la mine de fer qui est à l’origine de la création de la ville. Durant ce déplacement, prévu pour s’étaler sur 100 ans, les habitants vivent une situation schizophrénique dans laquelle leur ville se situe simultanément à deux endroits distincts, créant ainsi des conditions analogues à celles du cyberespace dans sa construction spatiale.
Une expérience de pensée permet, en supposant qu’une loi de départ est vraie, de regarder les conséquences de cette loi dans des conditions que nous sommes capables uniquement d’imaginer, et non de réaliser. Ce projet est donc une expérience de pensée sur la ville de Kiruna, par laquelle on suppose que notre vécu du cyberespace est capable de modifier fondamentalement notre perception du monde physique, permettant la création d’une nouvelle spatialité à l’intersection de ces deux réalités.