La salle de théâtre survit car l’homme est nostalgique. Il rêve d’un spectacle en temps réel, assis dans une chaise en velours rouge, dans une salle dorée. Or, cette salle dorée n’est qu’un espace de l’enfilade plus vaste qui transforme le spectacle en événement. La façade, le vestibule, les grands escaliers, le foyer et le bistrot du théâtre font tout autant partie du rituel théâtral. La réalisation architecturale de ses espaces doit répondre à la mémoire collective des visiteurs. Ils arrivent bien avant que la pièce ne commence. Ils prennent le temps d’observer, de se montrer.
A Zurich, le “Pfauen” (paon), la scène de théâtre traditionnelle de la ville, se voit confrontée à une étude de faisabilité. Celle-ci envisage de remplacer l’ensemble des espaces théâtrales de l’entrée jusqu’à la tour scénique. Le théâtre étant caché dans une cour d’îlot, ces changements ne seront pas visibles depuis l’extérieur.
A contrario, ce projet se focalise non pas sur la salle, source majeure de la nostalgie zurichoise, mais sur la relation entre la salle et la ville. Pour cela, on perce le masque, la couche d’immeuble qui sépare le théâtre de la ville depuis des décennies, et on y installe une loggia qui s’ouvre vers la ville. Derrière le masque, le théâtre s’étale dans la cour domestique. On y mange et on y circule librement. Structuré par l’arrière de la salle de théâtre, cet espace aéré agit comme zone de transition entre le spectacle urbain et le spectacle proposé dans la salle.