Barricadé derrière son portail en fer forgé, les fenêtres calfeutrées pour tenir à distance les squatteurs, l’ancien Pensionnat International des Demoiselles – la Chassotte – est à l’agonie depuis plus de vingt ans. Les façades droites et fières de la bâtisse centenaire, désormais inhabitée, s’effritent lentement. Son glorieux passé de complexe indépendant grouillant de vie, niché au cœur d’un parc planté de majestueux arbres a fait naître en nous l’envie de lui redonner ses lettres de noblesse. La parcelle est aujourd’hui comprise dans les plans de densification de l’agglomération de Fribourg. Le site attenant à une zone agricole risque l’implantation cavalière d’un morceau de ville faisant fi de la mémoire du lieu.
Questionnant le rôle de l’architecte, nous ne dictons pas un projet total, aux façades rutilantes, éclipsant la maigre qualité d’un logement que le locataire ne fait que meubler. Nous choisissons de proposer un système évolutif que les habitants peuvent s’approprier et modifier. L’architecte déclenche ainsi la mutation de l’habitant passif en habitant bricoleur; habiter mieux et autrement est son nouveau credo. L’habitat proposé repose sur une matrice autoportante qui croît et se remplit de vie au fil du temps. Fondée ponctuellement, la structure se pose délicatement sur le sol et évite l’existant. L’architecte devient un arbitre qui élabore les règles du jeu de construction. Il se place comme garant d’une urbanisation douce et respectueuse du paysage.